Au quotidien, nous oublions souvent de nous écouter simplement, de prendre le temps. Prendre simplement le temps d’aller voir au plus profond de soi ce qui est bon pour nous.
Aussi bien dans les cours de Yoga que dans la pratique du massage, je propose l’opportunité à chacun d’être dans un espace où silence et lenteur (ou profondeur) permettront de se retrouver.
La neutralité active est une attitude intérieure qui permet de se positionner dans une transparence par rapport à ce qui est vécu. C’est une distance qui permet d’être à la fois acteur et spectateur des phénomènes. C’est « un positionnement de la conscience pleinement et clairement situé ‘ni dedans ni dehors’ (Berger, 2009, p. 241).
Le silence dans lequel nous nous trouvons en massage ou entre chaque souffle en Yoga, n’est pas seulement celui du quotidien mais est porteur d’une certaine qualité, celle contenue dans l’espace environnant, ou intrinsèque à la situation, à la relation.Nous entrons en relation avec le silence qui constitue un point d’appui. Le silence habite la relation et permet l’émergence d’un état. Le silence qui était à l’extérieur se retrouve alors aussi à l’intérieur, générant une perception de présence à soi. Ce silence particulier n’est pas vide mais plein.
La substance fondamentale de la Conscience devant laquelle nous sommes ici est constituée de “rien”. Il s’agit d’une relation qui existe pourtant bien mais où il n’y a rien et ce rien c’est de l’Être, de la Conscience pure.
Casterman[1] va jusqu’à nous faire remarquer que : «Si nous sommes vraiment attentifs au corps qu’on a (cette entité qui entretient les relations avec les autres et le monde), c’est-à-dire être dans la pratique de l’écoute silencieuse dénuée de tout jugement de toute emprise, de tout rejet, la finesse de perception liée à son incroyable complexité ouvre la conscience à l’univers entier ; et notre corps devient alors tout l’univers ».
Danis Bois[1] a découvert, lorsqu’il était ostéopathe, que la sensation d’un déplacement lent existait de manière invariante dans tous les corps: « Le mouvement était lent, constant, permanent. J’ai été très surpris, après quarante ans de métier, de n’avoir jamais rencontré dans le corps des patients une vitesse différente de celle-ci. A un moment donné je me suis dit « il y a là une dimension universelle qui nous relie »(…), le mouvement se donne chez tous à la même vitesse. » (Bois, 2010, littérature grise, Chamblay).
Il nous invite à changer de représentations en concevant la lenteur, non plus en tant que « vitesse », mais en tant que « qualité de perception » : « La lenteur n’est pas une vitesse, la lenteur est une qualité de perception. C’est le moyen de percevoir dans la profondeur. D’ailleurs, grâce à cette lenteur, a été développée une nouvelle perception (…). En tout cas, c’est comme ça qu’on perçoit le mouvement. »
Mouvement et lenteur apparaissent comme un seul et même élément indissociable, qui permettent la perception de soi. Associés au Silence, nous ressentons l’Univers car le silence est la chose qui existe, le reste n’est qu’éphémère.
[1]Danis Bois, docteur en sciences de l’éducation et agrégé en Psychopédagogie Perceptive, est professeur cathédratique en Sciences Sociales à l’Université Fernando Pessoa de Porto au Portugal, où il dirige le Centre d’Etude et de recherche Appliquée en Psychopédagogie perceptive)
[1] Casterman Né en 1958 en Belgique. Il a publié plusieurs ouvrages dont L’intelligence de l’univers, la conjonction des savoirs
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